Programme d’étudiant.e.s Sentinelle à l’externat

Programme d’étudiant.e.s Sentinelle à l’externat

Par l’équipe du REEM

C’était ta patronne? Ton résident? Un membre d’une autre équipe? Peu importe la personne, maintenant, tu es mal à l’aise. Un commentaire déplacé, une blague de mauvais goût, en tout cas, tu te sens pris avec cet inconfort pour le reste de ton stage. Tu veux prendre sur toi, comme tu l’as toujours fait : tu es capable de prendre soin de toi et tu ne veux pas que ce soit autrement.   

Cher collègue, cet article par l’équipe du REEM vise à encourager ta résilience. À travers ce texte, nous voulons que tout le monde entende ton histoire¹ — ou du moins une histoire à laquelle tu peux t’identifier — pour te rappeler que tu n’es pas seul dans cette étape incontournable et exigeante qu’est l’externat.  

Aïcha avait tant hâte à cette journée de chirurgies mineures. Contre son gré, elle avait été placée en région pour son stage de médecine de famille. C’était sincèrement la seule journée qu’elle trouvait marginalement excitante. Elle était arrivée plus tôt qu’à l’habitude pour montrer son professionnalisme et sa volonté. Hélas, ce n’est pas le patron qui l’avait accueillie. C’est plutôt un résident qui l’a avisé qu’elle ne ferait que de l’observation. C’était à lui de faire toutes les manipulations. Or, ce n'est pas l'information que lui avait partagée l’autre externe en région avec elle, qui avait activement participé aux manœuvres. Elle était dépourvue et ne voulait pas confronter le résident, son sénior…   

Sa seule journée de grâce venait de tomber à l’eau.  

Étienne est en stage de gastroentérologie. Ses stages à option sont tombés tôt dans son parcours. Il n’est pas trop sûr d’où il va appliquer, mais il a bien aimé son cours portant sur cette spécialité au préclinique. Bref, il a terminé sa consultation à l’étage chez un patient avec un possible délirium surajouté à son trouble neurocognitif. La consultation a été demandée pour des anomalies radiologiques à la marge anale ; Étienne a ainsi complété son anamnèse et son examen en conséquence. Il a discuté avec son patient et ils ont convenu d’attendre la patronne pour faire le toucher rectal. Après tout, pas besoin que cet examen soit répété, la pudeur du patient doit être respectée. Étienne transfère son histoire à sa patronne. Ils rentrent dans la salle du patient. La patronne se présente, place le patient en décubitus ventral, baisse ses culottes et, à la blague, dit au patient : « Vous êtes chanceux que ce soit moi qui vais vous examiner, mon étudiant a des doigts énormes. Moi, je suis délicate. » Le regard de surprise que le patient donne à Étienne lui glace la colonne.   

Peu importe la spécialité qu’il choisit, Étienne se promet de ne jamais jouer avec la vulnérabilité d’un bénéficiaire de soins.  

Dimanche, 21 h, Samantha est pourtant encore à l’hôpital. Son horaire de garde disait clairement 8 h à 20 h. On l’a envoyée faire « une dernière admission » dans son stage de pédiatrie. Elle est exténuée, n’a pas eu le temps de souper. Elle fait de son mieux avec la revue de dossier, le questionnaire, l’examen physique. Elle complète sa note pendant que la résidente junior lui rappelle d’être efficace. Samantha est rendue à son plan, la résidente soupire, lui dit de présenter le cas maintenant. Elle commence à présenter, puis après 2 phrases, se fait interrompre par la résidente qui lui ordonne de se concentrer sur « l’essentiel ». Samantha va directement à l’histoire de la maladie actuelle qu’elle a tenté d’organiser selon son diagnostic différentiel. Mais la résidente l’interrompt, lui dit que c’est important d’être systématique et de questionner les antécédents, les habitudes de vie et les allergies. Le résident sénior vient s’installer et révise le cas avec la résidente junior. Personne n’écoute Samantha, même si c’est elle qui a rédigé la note. Dans tous les cas, ils écriront un Addendum. Dans tous les cas, Samantha reçoit dans son commentaire de garde : « Doit continuer à travailler sa gestion de temps et son diagnostic différentiel » …   

Sauf que Samantha aurait dû être libérée depuis au moins 1 h…  

Cher lecteur, chère lectrice, je suis convaincu que tu as toi aussi ton histoire. Tu as vécu une injustice, un manque de professionnalisme, un abus. Tu sais que ce n’est pas normal de subir les émotions inconfortables qui en découlent. L’équipe des étudiant.e.s sentinelles à l’externat a déjà intervenu anonymement auprès de tes collègues, quitte à ne rien faire d’autre que d’apporter une écoute active et présenter les différentes ressources dont tu peux bénéficier. Rappelons que chaque Sentinelle a suivi une formation exhaustive de 8 h + en relation d’aide et en premiers soins psychologiques ! Nous sommes à ton écoute et à ta disposition, tu peux nous trouver sur notre Excel et il nous fait plaisir de t’aider dans ta quête de vivre l’externat plutôt que d’y survivre. Lâche-nous un texte, appelle-nous !  

Scannez le code QR suivant pour entrer en contact avec un.e étudiant.e sentinelle!

Le Programme d’étudiant.e.s Sentinelle existe aussi au niveau du Préclinique ! Tu peux retrouver les fiches de présentation de chaque étudiant sentinelle sur la page web du REEM ou sur notre page Facebook !